Exposition Albert Edelfelt à Helsinki

L’exposition itinérante consacrée à Albert Edelfelt présentée au Petit Palais à Paris, puis au musée des beaux-arts de Gothenbourg en Suède, effectue une dernière étape au musée de l’Ateneum à Helsinki du 5 mai 17 septembre 2023. Elle sera l’occasion d’une présentation des recherches les plus récentes sur un peintre adulé en Finlande.

A l’occasion de l’exposition Albert Edelfelt à l’Ateneum, le tableau acquis aux enchères par l’Association Albert Edelfelt à Paris sera exposé pour la première fois. Nettoyé et restauré par Tuulikki Kilpinen, ancienne restauratrice de l’Ateneum spécialiste du peintre, le tableau a également reçu un cadre d’époque. Une double étude, historique – conduite par Laura Gutman – et scientifique – conduite par Tuulikki Kilpinen au sein du Comité Albert Edelfelt -, a permis son authentification. Le tableau n’est donc pas un portrait, mais une étude pour L’Arlésienne, retrouvée à la mairie de Tampere. Les deux oeuvres seront exposées côte à côte afin de révéler cette histoire inédite, et de pouvoir être étudiées conjointement.

Deux études du tableau ont été publiées par FNG Research, la revue scientifique des musées nationaux de Finlande.

Une série de conférences et un séminaire apporteront un nouvel éclairage sur Albert Edelfelt, à la lumière de publications récentes.

  • 9.5.2023: Le retour d’Edelfelt en Finlande via Paris et Gothenbourg: Anne-Maria Pennonen et Hanne Selkokari, commissaires de l’exposition (en finnois).
  • 2.6.2023: Séminaire Albert Edelfelt: Anne-Charlotte Cathelineau, Anna Ripatti, Petra Lehtoruusu, Laura Gutman, Patrik Steorn, Maria Vainio-Kurtakko, Marie-Sofie Lundström et Anne-Maria Pennonen (en anglais).
  • 30.8.2023: Père et fils et politique: le sentiment anti-russe et le radicalisme d’Albert Edelfelt et de son fils Erik: Anna Kortelainen (en finnois).
  • 6.9.2023: Un bon parti. Scènes de la vie d’Ellan de la Chapelle et Albert Edelfelt: Maria Vainio-Kurtakko (en suédois).
  • 13.9.2023: Le mystère de la jeune femme en gris de Gunnar Berndtson: Katariina Johde, Hanne Selkokari et Hanne Tikkala (en finnois).

Un programme musical de l’époque d’Albert Edelfelt sera donné par les étudiants de l’Académie Sibelius.

  • 6.5.2023: Musique nordique : Jean Sibelius (1865-1957), Wilhelm Stenhammar (1871–1927), Edvard Grieg (1843–1907)
  • 7.5.2023 : Musique française : Cécile Chaminade (1857–1944), Claude Debussy (1862–1918), Gabriel Fauré (1845–1924).
Albert Edelfelt, Au salon à Haikko (étude), 1888, Ateneum.

Saisir L’Arlésienne

Un portrait acheté en vente aux enchères à Paris par l’Association Albert Edelfelt a été confirmé comme étant une oeuvre authentique d’Albert Edelfelt, qui n’avait pas été répertoriée dans son catalogue raisonné par l’historien de l’art finlandais Bertel Hintze. Dans son premier numéro de 2023, la revue FNG Research publie deux articles qui restituent son histoire.

Fausses pistes et interrogations n’ont pas été épargnées lors de l’étude historique du tableau, avant qu’une page de croquis ne conduise sur la piste d’un séjour d’Albert Edelfelt à Arles. Un second tableau d’Arlésienne, peu connu, a alors été identifié en lien avec le portrait initial.

La correspondance et les carnets de croquis d’Albert Edelfelt ont ensuite permis de recontextualiser le tableau dans la biographie de l’artiste.

L’étude scientifique confiée à la restauratrice du tableau et au comité d’authentification d’Albert Edelfelt en Finlande a révélé les étapes successives du portrait ayant conduit à l’oeuvre définitive.

La comparaison avec d’autres tableaux du peintre a permis de mieux situer sa pratique technique, et de classer le tableau en tant qu’étude préalable.

Les deux tableaux seront exposés ensemble à l’occasion de la troisième étape de l’exposition consacrée à Albert Edelfelt à l’Ateneum Art Museum de Helsinki (5.5.-17.9.2023), faisant suite à celle du Petit Palais à Paris (10.3.-10.7.2022), et à la seconde exposition consacrée à l’artiste en Suède au Gothenburg Art Museum (22.10.2022-12.3.2023).

« Fleurs d’épine » : découverte d’un dessin non répertorié

Un dessin non répertorié dans le catalogue raisonné d’Albert Edelfelt est apparu sur le marché de l’art français en 2022. Sans doute n’a-t-il jamais quitté la France, raison pour laquelle il est demeuré inconnu des spécialistes nordiques.

De nombreux éléments permettent d’éclairer son histoire.

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Albert Edelfelt et les Romanov

Saint-Pétersbourg
Académie impériale des beaux-arts
14.11.2019-19.1.2020
Helsinki
Musée des beaux-arts Sinebrychoff
6.5.-10.5.2020
Après Saint-Pétersbourg, Helsinki reçoit une charmante exposition de portraits d’enfants peints par Albert Edelfelt dans la famille impériale russe, intitulée Albert Edelfelt et les Romanov. Un tableau, que l’on croyait perdu ou détruit depuis la Révolution russe, retrouvé par Sani Kontula-Webb, directrice de l’Institut finlandais à Saint-Pétersbourg, est à l’origine de cette exposition.
Albert Edelfelt, Les Grand-Ducs Boris et Cyrille Vladimirovitch de Russie, 1881,
Musée d’Art et d’Architecture de Rybinsk.

Bien qu’il soit question d’Albert Edelfelt comme peintre de cour en Russie, cet épisode fascinant ne détache pas entièrement le peintre suédois-finlandais de son enracinement parisien. Dans une série de lettres conservées à la Bibliothèque nationale de Finlande, dont nous reproduisons ici des extraits, Albert Edelfelt raconte à son ami Charles Baude le détail de cet hiver 1881 à Saint-Pétersbourg. Pris dans le tourbillon des commandes impériales, il s’excuse de ne pouvoir produire les dessins destinés à la presse illustrée que Baude devait graver. Il s’exalte également devant l’élégance et la sensibilité des puissants, qu’il s’étonne de pouvoir côtoyer dans leur intimité.

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Carl Albert Edelfelt. La carrière d’un architecte

De son vivant, l’architecte Carl Albert Edelfelt (1818–1869) était appelé « Albert », et son fils le peintre Albert Edelfelt (1854­–1905) « Atte ». En dépit d’une vie écourtée à l’âge de 50 ans, Carl Albert Edelfelt fut l’un des rares architectes à avoir une brillante carrière en Finlande au milieu du XIXe siècle.

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Albert Edelfelt et les peintres américains

Mon cher Edelfelt,

Je viens de poser dans les mains de Herald-Sahier l’argent pour votre tableau dont je n’ai pas besoin de vous dire je suis très content comme intermédiaire d’avoir pu placer dans un des musées de ma ville natale. Le musée s’intitule Memorial Hall Museum et si un jour vous entreprendriez le voyage là bas, j’espère que vous serez content du placement.

Je pars moi-même par le paquebot de samedi prochain pour y faire un séjour de deux ou trois mois et j’espère avoir le plaisir de vous revoir ici l’année prochaine.

Cordialement à vous,

Alexander Harrison

Lettre d’Alexander Harrison à Albert Edelfelt, [Paris, 1885], 17 rue Campagne Première, Bibliothèque nationale de Finlande.

La présence d’une oeuvre d’Albert Edelfelt de son vivant dans un musée américain est redevable de son amitié avec le peintre américain Alexander Harrison, qui favorisa les acquisitions du collectionneur John G. Johnson auprès d’artistes à Paris. Des œuvres de Raphaël Collin, Peter Severin Krøyer et Santiago Rusiñol ainsi qu’une sculpture d’Auguste Rodin furent ainsi achetées par son entremise à Paris (1).

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Au piano

C’est un marchand américain qui aurait soufflé à Albert Edelfelt l’idée de peindre une scène musicale, l’invitant à représenter Frédéric Chopin au piano et George Sand l’écoutant.

Je vous assure que cela plaira, assure-t-il, Chopin étant le compositeur le plus aimé des dames.

– Mais le sujet a plutôt un intérêt littéraire, objecte Edelfelt ; pensez aux affreux costumes de 1840.

– Qu’à cela ne tienne. Chopin était Polonais. Flanquez-lui donc un beau costume avec de la fourrure, le bonnet carré, des brandebourgs, des bottes à l’écuyère, et donnez à George Sand, qui était une femme extraordinaire, un costume du seizième siècle.

Jacques de Coussange, « Le peintre Edelfelt à Paris », Le Journal des débats, 26.8.1923.
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La passion de la langue française

De douze ans la cadette d’Albert Edelfelt, sa soeur Annie est représentative de l’éducation française qui prévalait dans la famille et qui faisait dire au peintre américain Julian Alden Weir:

Ayant parlé le français depuis l’enfance, [Albert Edelfelt] est comme un Français mais avec de plus nobles idées, et heureusement pour mes progrès en français, il ne connaît pas l’anglais.

Julian Alden Weir à sa mère, Paris, 8.11.1874, cité par Dorothy Weir Young, The Life and Letters of J. Alden Weir, New Haven, Yale University Press, 1960, p. 54 (ma traduction de l’anglais).
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Pour la Finlande

Il est difficile de se représenter aujourd’hui la réception de ces quelques pages de préface signées par Anatole France au moment de leur parution en 1899. Le prestige de leur auteur, membre de l’Académie française, était tel qu’elles propulsèrent la cause de la Finlande sur le devant de la scène politique française. Le moment choisi pour la publication, quatre mois après le Manifeste impérial du 15 février 1899, était déterminant. Adressées « Au Congrès de la Paix », c’est-à-dire à la Première Conférence de La Haye qui se tenait le 18 mai 1899, elles visaient son initiateur le tsar Nicolas II et soulignaient ses contradictions. La question sous-jacente portait sur les prétentions du tsar à la paix alors que la Russie privait son Grand-Duché de Finlande de ses droits constitutionnels.

Anatole France prenait fait et cause pour la Finlande au nom de la solidarité humaine, comme le firent nombre d’intellectuels dans la lignée de Jean Jaurès en faveur des nations opprimées. Sa description tragique de la crise traversée par la Finlande appuyait les revendications légitimes d’une nation brutalement assujettie en faisant appel aux émotions.

Lors de la promulgation de ce manifeste, toutes les églises de Finlande célébrèrent un service de deuil national ; et les femmes, dans les rues d’Helsingfors, se montrèrent vêtues de noire. C’est de la patrie qu’elles étaient orphelines.

Anatole France, Préface à René Puaux, La Finlande, sa crise actuelle, Paris, Stock, 1899, p. II.
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La crémerie de la rue Saint-Benoît

Pourtant, à la crémerie, les occasions ne m’avaient pas manqué de faire des connaissances. Depuis que nous étions riches, je mangeais à la table d’hôte, dans la salle du fond. Il y avait là une vingtaine de jeunes gens, des écrivains, de peintres, des architectes, ou pour dire mieux de la graine de tout cela. – Aujourd’hui la graine a monté ; quelques-uns de ces jeunes gens sont devenus célèbres…

Alphonse Daudet, Le Petit Chose, 1868, chap. VIII.

Lors de sa rencontre avec Alphonse Daudet en 1881, alors qu’il était venu dessiner son portrait à la demande du journal L’Illustration, Albert Edelfelt ne put s’empêcher de témoigner son admiration à l’auteur du Petit Chose. Il applaudit tout particulièrement à sa description de la crémerie de la rue Saint-Benoît, où l’un comme l’autre avaient pris leurs repas à leur arrivée à Paris, lui assurant qu’elle n’avait pas changé malgré les vingt années écoulées [1].

Proche de l’Ecole des Beaux-Arts, la crémerie a laissé un souvenir de bohème joyeuse, où les jeunes artistes se retrouvaient pour partager un repas bon marché et des idées nouvelles, sous le regard bienveillant de la serveuse, Mademoiselle Anna.

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