« Je n’ai jamais rencontré une âme d’artiste comparable à la sienne »

Albert Edelfelt, Portrait de sa mère Alexandra Edelelfelt, 1883, Ateneum.

Vous savez ce que ma mère a été pour nous tous. C’était le soleil de l’existence, le centre, l’idole ! Sa personnalité était extraordinaire, puissante et entraînante, et je lui dois mes meilleurs élans d’artiste. Ma mère avait vingt ans de plus que moi : elle était très jeune de caractère, et je suis l’aîné de quinze ans de mes sœurs. Elle était donc une sœur aînée autant qu’une mère, et nous avons vécu toute la vie dans une étroite communion d’idées. Le souffle idéal dont tout son être était animé, sa ferme confiance en Dieu et dans la victoire finale de la justice, son courage joyeux et sa façon élevée d’envisager l’art et la vie, tout cela m’était absolument nécessaire pour contrebalancer ce que j’ai moi-même d’hésitation et de pessimisme.

Albert Edelfelt à René Vallery-Radot, Helsinki, 11.9.1901, cité par Henri Amic, Jours passés…, Paris, Société d’éditions littéraires et artistiques, Deuxième édition, 1908, p. 150.

« Le plus artistique des quartiers d’artistes »

Bien que ce soit assez loin du centre, c’est toujours plus proche des beaux quartiers que le boulevard du Montparnasse. L’avenue de Villiers est actuellement le plus artistique des quartiers d’artistes. Meissonier, Munkacsy, Bastien-Lepage, Sarah Bernhard et d’autres y habitent. Je vais habiter dans la partie la plus excentrée, près des fortifications, mais l’air y est encore bon.

Je serai maintenant très proche des Reuterskiöld et pas loin des Koechlin, des Runeberg etc., en plein pays de connaissance.[1]

Lorsqu’en 1880, Albert Edelfelt s’éloigna de Montparnasse où vivaient nombre de ses camarades nordiques pour s’installer avenue de Villiers, son départ fut vécu comme une trahison. La distance De Barbizon à l’avenue de Villiers, pour reprendre les souvenirs du peintre suédois Georg Pauli [2], était incommensurable, et son choix à la mesure de ses ambitions : s’inscrire parmi les artistes les plus célèbres de son temps et dans l’entourage d’une clientèle huppée.

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Un déjeuner chez Ledoyen, le jour du vernissage

Debout, levant sa coupe de champagne en honneur de son ami le sculpteur finlandais Ville Vallgren, Albert Edelfelt apparaît au coeur du célèbre tableau d’Hugo Birger représentant les artistes nordiques festoyant à Paris au Pavillon Ledoyen. Situé sur les Champs-Elysées, le restaurant était idéalement placé à proximité du Palais des Champs-Elysées, et permettait aux artistes de se retrouver après les vernissages du Salon des Artistes français.

Les deux hommes avaient toutes les raisons de se congratuler cette année-là : au Salon de 1886, l’Etat français s’était empressé d’acquérir le Portrait de M. Pasteur exposé par Albert Edelfelt et Ville Vallgren venait de recevoir une mention honorable pour son Portrait de M. Edelfelt et son plâtre de la sculpture Echo. Exposé lui aussi au Salon de 1886, le tableau d’Hugo Birger accréditait l’existence d’une colonie nordique soudée à Paris et de son succès sur la scène artistique française.

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Une soirée chez les Koechlin-Schwartz

Lorsqu’Albert Edelfelt rencontre Alfred Koechlin-Schwartz en 1874, celui-ci est au sommet de sa carrière politique. Ancien conseiller municipal de la ville de Mulhouse et résistant de la guerre de 1870, Alfred Koechlin-Schwartz est non moins que le maire du VIIIe arrondissement de Paris. Du haut de ses vingt ans, il importe au jeune artiste de se construire un réseau social solide avec des personnalités haut placées afin d’avancer sa carrière et d’obtenir des commandes. La famille Koechlin-Schwartz apporte alors son soutien, aussi bien moral que financier, au peintre fraîchement arrivé de Finlande.

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En visite à Maisons-Laffitte

On lui connaît un charmant tableau évoquant les alentours du château de Maisons et représentant une enfant sous le titre malicieux de Ma grand-mère en l’an IV. Le séjour d’Albert Edelfelt à Maisons-Laffitte au cours de l’été 1882 est surtout resté célèbre grâce à une série de photographies prises par Louis-Amédée Mante à l’intérieur du château et dans le parc. L’étonnante décontraction des personnages souligne le cadre informel de leur présence dans le château de François Mansart.

Albert Edelfelt, Ma grand-mère en l’an IV, 1882, collection particulière.
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Le peintre et la diva

La rencontre de deux personnalités au sommet de leurs arts n’en finit pas de fasciner. Au début du XXe siècle, Aino Ackté était à l’opéra ce qu’Albert Edelfelt était à la peinture : la preuve que la Finlande pouvait se hisser sur le devant de la scène culturelle européenne et produire des talents reconnus et adulés.

Il n’est pas anodin que la rencontre des deux monstres sacrés se soit produite à Paris, dans les salons de l’entre-soi nordique : le Cercle suédois (Svenska Klubben), rue de Rivoli. Albert Edelfelt avait alors 46 ans et Aino Ackté était de vingt ans sa cadette. Le portrait qu’il devait réaliser de cette étoile montante allait avoir une place particulière dans sa carrière.

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La reconnaissance de l’Etat français

Portrait de Pasteur, Salon de 1886
Album de photographies des oeuvres achetées par l’Etat intitulé, Salon de 1886. Photographié par G. Michelez. Base Archim.

Lorsqu’à la faveur d’un portrait, Albert Edelfelt se retrouve couvert d’hommages et de distinctions, ce n’est pas seulement le peintre qui se voit célébré, mais toute la Finlande qui est éblouie par sa gloire. Et pourtant, hors des pays nordiques, bien peu seraient capables de donner le nom de l’auteur du célèbre portrait de Louis Pasteur ; bien peu savent aujourd’hui qu’il s’agit d’un peintre finlandais

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Les portraits de Pasteur

La postérité a retenu les traits de Louis Pasteur d’après le portrait d’Albert Edelfelt. Le succès remporté par ce portrait a fait tomber dans l’oubli les autres portraits du célèbre scientifique. Pourtant, c’est à la comparaison malheureuse avec un autre portrait de Louis Pasteur que celui d’Albert Edelfelt doit en partie sa renommée.

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Illustrateur de la presse parisienne

La presse illustrée prit un formidable essor en France pendant la Troisième République, connaissant un âge d’or dans les années 1880-1890. La multiplication des titres et l’importance des tirages donnèrent naissance à un nouveau phénomène : la diffusion rapide des nouvelles, et ce que l’on appelle désormais la médiatisation.

L’enjeu de la presse n’échappa nullement à Albert Edelfelt, qui en fit un moteur de sa carrière parisienne. Lire la suite « Illustrateur de la presse parisienne »